Zoom sur Claire Falandry, professeure de gériatrie du CHU de Lyon

Zoom sur Claire Falandry, professeure de gériatrie du CHU de Lyon

Claire Falandry est professeure de gériatrie au CHU de Lyon. Issue d’un double cursus de formation en médecine à la Faculté de Médecine de Lyon Laennec et de recherche à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon, elle a obtenu un DES d’Oncologie médicale en 2006 et a été Assistante chef de Clinique d’Oncologie Médicale au Centre Hospitalier Lyon Sud avant d’intégrer l’Unité de gériatrie pour y développer l’oncogériatrie depuis 2010. Elle est titulaire d’une thèse de sciences depuis 2008 et d’une Habilitation à diriger les recherches depuis 2013.

En France, plus de 118 000 cas de cancers ont été diagnostiqués chez les sujets âgés de 75 ans et plus parmi les 382 000 cas estimés en 2018. En tant qu’oncologue et gériatre, que pouvez-vous nous dire sur les principaux enjeux représentés par la prise en charge de patients âgés atteints de cancer ? Sur quoi se concentre actuellement la recherche en oncogériatrie ?

Avec le vieillissement de la population et la chronicisation des soins du cancer les problématiques associées au vieillissement interfèrent souvent avec le cancer et son traitement. L’intrication est double, du fait d’une part de l’impact des comorbidités ou des syndromes gériatriques (dénutrition, chutes, troubles cognitifs…) sur la tolérance des traitements du cancer et d’autre part de l’impact des traitements du cancer sur les comorbidités, l’autonomie et l’indépendance, les performances physiques, la nutrition, les troubles cognitifs, etc.

Ainsi, l’enjeu d’une prise en soins onco-gériatrique – et de la recherche en onco-gériatrie – n’est pas seulement de décider de s’orienter ou non vers un traitement du cancer mais aussi de s’assurer de l’optimisation de l’état de santé des patients pendant leur traitement, et la prise en compte de leurs aspirations (maintien de leur autonomie, de leur qualité de vie, etc).

Vous êtes la coordinatrice du projet de recherche ONCOPAD, Programme d’accompagnement à la gestion des parcours ONCOlogiques chez les Personnes Agées Dépendantes. Quels sont les objectifs de cette étude ?

Ce projet est issu d’un souhait partagé avec la Fondation SOLIMUT et le CLARA d’aborder un aspect rarement abordé, celui de la gestion des traitements du cancer en EHPAD. Ce sujet rassemble des questionnements éthiques, des difficultés techniques et économiques, puisque certains traitements sont trop onéreux pour être dispensés dans certaines EHPAD. Par ailleurs, les projets de soins en EHPAD sont souvent orientés vers la dé-prescription de certains traitements inutiles ce qui peut apparaître contradictoire avec l’introduction de traitements contre le cancer. Cependant, on sait que certains cancers comme le cancer du sein peuvent être détectés et traités de manière adaptée en EHPAD. Aussi, il nous est apparu intéressant de solliciter le GREPS (Groupe de Recherche en Psychologie Sociale) de l’Université Lyon 2 pour analyser les représentations des soignants en EHPAD et de co-construire avec eux des outils pédagogiques destinés à démystifier les soins cancérologiques.

Ce projet est soutenu par la Fondation Solimut Mutuelle de France, au travers d’un accord-cadre établi par et avec le CLARA. Quel a été l’apport du CLARA dans la mise en place du projet ONCOPAD ? Quel rôle le CLARA pourrait jouer à l’avenir dans le domaine à l’interface du cancer et du vieillissement ?

Le CLARA a constitué la pierre angulaire de ce partenariat, en ayant tout d’abord été la vitrine régionale sollicitée par la Fondation SOLIMUT, puis un facilitateur dans l’élaboration de ce partenariat avec la Fondation d’une part et le GREPS d’autre part.

Le CLARA avait antérieurement soutenu certaines autres de nos thématiques de recherche en onco-gériatrie et constitue à la fois un allié de proximité mais également un relais dans certaines de nos démarches nationales, comme l’accueil en 2021 à Lyon du Congrès de la Société Francophone d’OncoGériatrie.

Le futur nous conduira probablement à développer des échanges entre le Cancéropôle et le Gérontopôle, dans l’objectif d’améliorer l’accès des patients aux soins, à la recherche, aux nouvelles thérapies et aux parcours de soins innovants mais également la formation des soignants et l’information du grand public sur l’ensemble du territoire Auvergne-Rhône-Alpes.