Zoom sur Astrid Coste, porteuse du projet SOLSTEEN, sur les expositions aux radiations UV

Zoom sur Astrid Coste, porteuse du projet SOLSTEEN, sur les expositions aux radiations UV

Depuis sa thèse en épidémiologie, Astrid Coste s’’intéresse au lien entre les expositions aux radiations UV et l’apparition de cancer, avec un focus sur les cancers pédiatriques et du jeune adulte. Aujourd’hui chercheuse au Centre Léon Bérard (unité INSERM 1296), elle poursuit ses recherches dans le cadre du projet SOLSTEEN.

Vous avez récemment été lauréate d’un financement Emergence, Oncostarter Blanc du CLARA en 2022, pour une année, ainsi que d’un AAP de l’INCa Agir en santé 2022 pour trois années, pour la recherche SOLSTEEN, Impact de l’installation d’éléments protecteurs sur l’exposition aux rayons UV dans les collèges de la métropole Lyonnaise.

  • Pouvez-vous décrire l’objectif du projet ? Quel est l’impact attendu pour votre équipe de recherche ? Quel impact à l’échelle de votre institution et de la région ?

Rappelons d’abord le contexte de l’étude : Nous savons que la grande majorité des mélanomes cutanés est liée à une surexposition aux UV, en particulier pendant l’enfance et l’adolescence, c’est donc un cancer largement évitable ! Or, le nombre de nouveaux cas continue d’augmenter en France (15 500/an environ), c’est le troisième cancer le plus fréquent chez les jeunes adultes.  Grâce aux campagnes de prévention conduites depuis plusieurs de décennies, les plus jeunes enfants sont aujourd’hui bien protégés. En revanche, malgré une bonne connaissance des moyens de protection et des risques, les études ont montré que les adolescent·e·s se protègent beaucoup moins bien. Le projet SOLSTEEN propose ainsi deux nouvelles formes d’intervention, encore peu développées en France. Tout d’abord il vise à mesurer l’impact de la mise en place de préaux dans les cours de récréation des collèges de la Métropole de Lyon sur les expositions aux UV des collégien·ne·s, en s’appuyant sur des dosimètres individuels, des questionnaires et des entretiens. Nous testons également l’efficacité d’une autre intervention, consistant en une phase de co-construction de messages de prévention, dans différents collèges de la Métropole de Lyon et du Rhône.

Ce projet était l’occasion de développer une approche pluridisciplinaire au sein de l’unité INSERM 1296 Radiations : Défense Santé Environnement, à laquelle le Département Prévention, Cancer, Environnement du centre Léon Bérard est rattaché. Il réunit en effet des chercheuses en psychologie sociale et sciences de l’éducation (pôle « Pôps » de l’unité), ainsi que mon collègue Thomas Coudon, chercheur en expologie environnementale, et moi-même, épidémiologiste, au sein du pôle « Environnement » de l’unité.

Cette étude s’est développée avec le soutien de la Métropole de Lyon, en charge de l’installation des préaux dans les collèges de son territoire d’action. Elle s’intègre également dans une réflexion plus large au niveau national sur la mise en place d’un environnement favorable à la santé dans le cadre scolaire et l’objectif est de pouvoir transférer les interventions testées dans d’autres établissements scolaires et contextes.

  • Pouvez-vous nous expliquer les leviers qui vous ont aidée à candidater et obtenir ces deux financements ?

Lors d’un précédent post-doctorat en Suisse, j’avais participé à la mise en place d’une étude transversale sur les expositions aux radiations gammas et UV chez les enfants de moins de 15 ans, qui combinait à la fois des questionnaires et le port de dosimètres individuels par les enfants. Les mesures de dosimètres montraient des expositions importantes lors d’activités en montagne, mais le design de l’étude ne nous permettait pas de mesurer les effets de l’environnement architectural sur les UV. Forte de cette expérience, je suis arrivée à Lyon fin 2020 dans un contexte de développement des politiques de végétalisation des cours d’école par la mairie et la Métropole afin de lutter contre les températures trop élevées en été, mais la question de l’exposition aux UV était souvent oubliée. Dans ce contexte favorable, mon collègue Thomas Coudon et moi-même avons rapidement pu initier le dialogue avec la Métropole de Lyon, très intéressée et aidante. Après ces premiers échanges, nous nous sommes concentrés sur les préaux plutôt que la végétalisation dans les cours, car les plans d’aménagement commençaient à peine pour cette dernière. Par ailleurs, l’INCa a publié en 2021 un appel à projet de recherche interventionnelle avec un axe spécifique sur la prévention de l’exposition aux UV chez les jeunes, nous entrevoyions donc une possibilité de financement pour SOLSTEEN. Cependant la mise en place de ce projet complexe demandait une phase pilote au préalable, afin de consolider notre protocole, et nous avons eu la chance d’obtenir le financement de l’AAP Oncostarter du CLARA pour cela.

  • Quels sont les partenaires de ce projet ? Comment avez-vous constitué votre consortium ? Recherchez-vous encore des expertises particulières pour compléter vos groupes de travail ?

Le consortium s’est constitué progressivement. Grâce à mes précédentes expériences en Suisse, j’avais déjà le contact de l’équipe allemande de l’IFA, équivalent de l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles en France (INRS), qui travaillait sur l’exposition aux UV des professionnels et qui nous prête un nombre important de dosimètres UV individuels pour SOLSTEEN. Pour mieux comprendre les déterminants des comportements de protection solaire des adolescent.es, il est vite apparu nécessaire de s’associer à des chercheur·euse·s en psychologie sociale, nous avons donc développé une collaboration avec les Maitresses de conférences Ludivine Jamain et Charlotte Bauquier de l’université de Lyon 2, qui font aussi partie de notre unité INSERM. Nous avons également intégré le Professeur David Vernez de l’université de Lausanne, avec qui j’avais déjà pu collaborer lors de mes projets en Suisse, spécialiste de l’exposition aux UV chez les travailleurs, et dont l’équipe a développé un modèle permettant d’estimer les UV par partie anatomique, et selon différentes structures d’ombre. Enfin nous bénéficions des conseils de Jean-François Doré, chercheur émérite et spécialiste de la thématique UV. Ainsi, nous avons un consortium pluridisciplinaire très complémentaire, permettant d’aborder toutes les dimensions de notre question de recherche.

Lire l’interview sur le projet SOLSTEEN menée par le Centre Léon Bérard >>